A l’accès du chevet, insérée dans le pilier à droite de l’autel, se conserve une console en pierre qui autrefois était destinée à soutenir un reliquaire (Tranchant 1884, p. 92-93). Une armoirie écartelée, sculptée en relief et peinte, en couvre la surface orientée vers la nef (armoirie 1). Une autre console semblable à celle-ci, elle aussi ornée d’un écu sculpté (armoirie 2), se trouvait apparemment sur le pilier à gauche de l’autel, mais elle fut brisée et détruite pendant les travaux de restauration de l’édifice en 1849-1850 (ibid.). Malheureusement, nous ne possédons aucune image ou description détaillée de cette dernière pièce et il est donc impossible d’établir si elle portait les mêmes armes encore aujourd’hui visibles sur la console conservée. Ces-ci combinent les armes de Combarel (partie, au premier d’azur à trois coquilles d’or posées en pal, au second de gueules à une demi-molette d’argent), facilement identifiables sur la base des nombreuses attestations même monumentales conservées (voir celles visibles au château d’Angles-sur-l’Anglin), à celles d’une seconde famille qui portait un palé dont, toutefois, les couleurs sont désormais difficilement identifiables. En effet, l’armoirie semblerait avoir été librement interprétée par les restaurateurs (voir les coquilles des Combarel transformées en besants), tandis que les pigments ont probablement subis des altérations. Il serait pourtant plausible de reconnaître dans le palé les armes des Amboise – dont Pierre fut évêque de Poitiers de 1481 à 1505 – qui portaient un palé d’or et de gueules. Jusqu’à présent, toutefois, les Combarel et les Amboise ne semblent pas avoir eu des liens qui justifient l’adoption de cette armoirie.
En tous cas, il est évident que l’identification traditionnelle de l’armoirie représentée dans l’église de Saint-Pierre avec les armes de Hugues de Combarel (Salvini 1946, p. 31 ; Crozet 1958, p. 30), évêque de Poitiers et donc même seigneur de Chauvigny entre 1424 et 1440, ne pourra pas être retenue. En effet, les nombreuses œuvres commanditées par l’évêque poitevin, dans la cathédrale Saint-Pierre ou dans le château de Angles-sur-l’Anglin, sont toujours marquées par les armes simples des Combarel. Et d’ailleurs, il n’aurait pas eu des motifs d’écarteler ses armes à celles d’Amboise ou à celles d’une autre famille. Par conséquent, le propriétaire de l’armoirie et commanditaire de l’œuvre devra être plutôt cherché parmi les proches de l’évêque, comme il l’était François de Combarel qui fut capitaine de Chauvigny de 1439 à 1444 et dont la fille Jeanne, marié avec Jean d’Ysoré, avait été dotée par le même Hugues (Vallière 2008, p. 153). Pourtant, François épousa Jacquette de Mons et Marguerite de Maumont (Beauchet-Filleau 1895, t. II, p. 579), qui ne semblent avoir jamais porté de palés.
D’autres armoiries, aujourd’hui disparues, étaient représentées dans d’autres coins l’église. Il nous laisse quelques perplexités la notice d’une peinture (pas nécessairement médiévale) aux armes du chapitre (de gueules à une croisette d’or surmontée de deux clés d’argent posées en sautoir) sur une des colonnettes du bas coté gauche de l’église (Tranchant 1884, p. 17, 19) (armoirie 3), étant celle actuellement visible sur le chapiteau de l’avant-dernière demi-colonne fruit d’une invention récente. En revanche, il semble digne d’intérêt la description d’un tombeau avec un gisant à l’écu armorié (armoirie 4). Il était placé dans une des deux chapelles funéraires qui s’ouvraient dans les collatéraux de l’église, à la hauteur de la seconde travée, détruites pendant les travaux de restauration réalisés en 1824. Les documents écrits nous apprennent que dans celle de droite se trouvait un tombeau légèrement soulevé du sol, dépourvu d’inscriptions, mais avec un bouclier en relief à deux épées croisées (Tranchant 1882, p. 95), dont l’identification pour le moment ne nous semble pas possible.
Auteur : Matteo Ferrari
Pour citer cet article
Matteo Ferrari, Chauvigny, collégiale Saint-Pierre, http://base-armma.edel.univ-poitiers.fr/monument/collegiale-saint-pierre-chauvigny/, consulté le 22/11/2024.
Bibliographie études
C. Tranchant, Notice sommaire sur Chauvigny de Poitou et ses monuments, Paris 1882.
C. Tranchant, Notice sommaire sur Chauvigny de Poitou et ses monuments, Paris 18842 (ed. or. 1882).
H. Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, t. II, Poitiers 1895.
J. Salvini, Le diocèse de Poitiers à la fin du Moyen Âge (1346-1560), Poitiers 1946.
R. Crozet, Chauvigny et ses monuments, Poitiers 1958.
L. Vallière, Diocèse de Poitiers (Fasti ecclesiae gallicanae, t. 10), Turnhout 2008.
Écartelée, aux 1 et 4 partie, au premier d'(azur) à trois coquilles d'(or) posées en pal, au second de (gueules) à une demi-molette d'(argent); aux 2 et 3 d'(or ?) à quatre pals de (gueules ?).