Datée du début du XIVe siècle, l’église Saint-Pierre de Loudun aurait été fondée par Philippe Auguste en 1215 pour remplacer l’église de Saint-Pierre-du-Château, jadis située dans l’enceinte de la forteresse qui domine la ville (Lerosey 1908, p. 192-193). La construction était déjà achevée en 1226 quand Blanche de Castille vint à Loudun avec son fils Louis (ibid. ; Charbonneau-Lassay 1996, p. 116). Endommagée pendant la Guerre de Cent Ans, l’église fut réparée sous l’initiative de la corporation des Bouchers, qui financèrent notamment l’érection de deux piliers et de l’arc d’ogive qui les relie dans la nef latérale (Charbonneau-Lassay 1996, p. 210). Cette intervention est documentée par les armes de la corporation – de sable au bœuf passant d’argent (Lerosey 1908, p. 187) – sculptées dans la troisième travée du collatéral sur les écus tenus par deux anges (armoiries 5, 7) ornant deux des culs de lampe sur lesquels reposent les croisées de la voûte. Dans la même travée, des autres culots sont chargés d’anges tenant des boucliers qui sont toutefois aujourd’hui dépourvus de toute trace d’armoiries (armoiries 6, 8-9).
Des nombreux éléments héraldiques émaillaient l’église, pour la plupart bûchés à l’époque des guerres de Religion ou de la Révolution. Le portail majeur, ouvert sur le côté sud à la hauteur de la première travée du collatéral, est orné par un apparat sculpté exubérant dans les formes typiques de la Renaissance. Son exécution pourrait dater de 1541, comme le documente une inscription encastrée à l’intérieur de l’édifice en correspondance du portail. À l’extérieur, au milieu de la porte d’accès, le trumeau qui partage les deux fenêtres repose sur une console chargé d’un écu qui, vraisemblablement, était timbré d’une couronne totalement rasée (armoirie 1). Surmontée par une statue disparue, elle devait porter les armes du roi comme le précisait déjà L. Charbonneau-Lassay (1996, p. 116). Les fleurs de lys royales étaient aussi sculptées sur une autre console, encore visible à l’extérieur de l’église dans la ruelle Saint-Pierre (armoirie 2), portant autrefois une statuette de saint Louis (ibid.).
À l’intérieur de l’église, sur la clef de voûte de la quatrième travée du collatéral sud sont sculptées les armes de l’archiprêtré de Loudun, avec deux clefs posées en sautoir (Charboneau-Lassay 1996, p. 112) (armoirie 3). Il est plausible que les mêmes armes étaient représentées sur l’écu sculpté sur un des culs de lampe soutenant la voûte de la chapelle (armoirie 4). L’ensemble daterait du XVe siècle (ibid.) et serait témoin de la phase de renouvellement de l’église qui suivit la fin de la guerre de Cent Ans. Dans le bas côté nord, les dernières travées sont elles aussi ornées de clef de voûte armoriées, mais seulement celles de la quatrième travée semblent encore appartenir à la phase de construction de l’édifice (armoirie 9). Probablement inséré à l’origine dans un cadre à rinceaux végétaux et soutenu par des tenants difficilement identifiables (deux hommes sauvages surmontés par deux lions ?). Inscrites dans un écu en forme de chanfreine, l’armoirie très abîmée semble caractérisée par un râteau surmonté par une étoile. Dans la clef de voûte de la travée suivante il ne reste que la trace d’un écu dont la forme est toutefois typique du XVIIe siècle. Dans la dernière travée, l’écu sculpté à la clef de voûte, inséré dans un cadre polylobé a été surement réalisé lors de la restauration de l’édifice.
Auteur : Matteo Ferrari
Pour citer cet article
Matteo Ferrari, Loudun, église Saint-Pierre, http://base-armma.edel.univ-poitiers.fr/monument/loudun-eglise-saint-pierre/, consulté le 22/05/2025.
Bibliographie études
M. Dumoustier de la Fond, Essais sur l’histoire de la ville de Loudun, Poitiers 1778.
A.-L. Lerosey, Loudun, histoire civile et religieuse, Loudun 1908.
L. Charbonneau-Lassay, Héraldique loudunaise, La Roche Rigault 1996.