Située à l’extérieur du bourg de Curzay, l’église consacrée à Saint-Martin est documentée à partir de 1517 (L’Hotte 1962, p. 450). Sa construction est habituellement attribuée à Artus Ratault, qui rendit aveu par ses terres de Curzay en 1506 (ibid. ; Alonso-Motillon, Cornuau-Aguille 2007, p. 41), mais aucun document ne le confirme. L’analyse de l’architecture et des éléments sculptés attesterait, à notre avis, que l’église fut édifiée quelques années auparavant dans la seconde moitié du XVème siècle et, plus probablement, vers la fin de cette période (au milieu du XVème siècle d’après Le patrimoine des Communes 2002, p. 469).
Dépendant du château de Cuzay et utilisée comme lieu de sépulture par la famille du seigneur, sous le vocable de Notre-Dame-de-la-Recouvrence, elle fut destinée au service divin pendant le Guerres de Religion, quand la paroissiale Saint-Martin fut détruite par le feu (L’Hotte 1962, p. 450).
Elle était à l’origine formée d’une nef unique couverte par des voûtes d’ogive et se terminant par un chœur à chevet plat, ayant le transept et le clocher été ajoutés en 1839 (Le patrimoine des Communes 2002, p. 469). Les nervures des voûtes retombent sur des culots sculptés, martelés probablement par les huguenots. On y reconnaît une aigle tenant un phylactère (le symbole de l’évangélise Jean ?), un lion ou un bœuf tenant un livre ouvert (symbole de l’évangéliste Marc ou Luc), un homme jouant de la cornemuse, un autre tenant un livre et des autres figures que l’on n’arrive pas à identifier à cause de leur état de conservation.
La présence d’éléments héraldiques attestait l’appartenance originaire de la chapelle à la famille des seigneurs de Cuzay. Une armoirie était probablement sculptée dans le tympan du portail flamboyant qui encadre l’entrée occidentale de l’église (armoirie 1). Une pierre carrée portait en effet un relief qui a été rasée avec un tel soin qu’aujourd’hui aucune trace de la représentation originelle n’est plus identifiable : il pourrait s’agir bien d’une action de damnatiomemoriae perpétrée par les jacobins à l’époque révolutionnaire.
Curzay-sur-Vonne, église Saint-Martin, nef (IIIème travée), clef de voûte sculptée et armoriée.
Un écu sculpté est encastré à la clef de la seconde travée (armoirie 2), mais sa surface très lisse et son profil très aigu laissent croire qu’il s’agit d’une pièce réalisée au moment de la restauration de l’édifice pour remplacer un originel très endommagé. Surement datant entre la fin du XVème siècle et le début du XVIème est en revanche la clef de voûte armoriée de la troisième travée, celle qui surmontait à l’origine le maître autel. L’écusson (armoirie 3), qui a été vigoureusement bûché, est inséré dans un cadre polylobé, sculpté à jour et orné sur les côtés par des feuilles charnues. Les deux écus armoriés insérés dans les voûtes de l’église (armoiries 2, 3) sont orientés avec la pointe tournée dans la direction du chœur (est).
Auteur : Matteo Ferrari
Pour citer cet article
Matteo Ferrari, Curzay, église Saint-Martin, http://base-armma.edel.univ-poitiers.fr/monument/eglise-saint-martin-curzay/, consulté le 22/05/2025.
Bibliographie études
E. L’Hotte, « La seigneurie, terre et château de Curzay », dans Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 4e s., 6, 1962, p. 447-465.
Le patrimoine des Communes de la Vienne, Paris 2002.
C. Alonso-Motillon, A. Cornuau-Aguile, Le patrimoine rural à Courzay-sur-Vonne (Vienne), Melle 2007.
