Vers la fin du XVème siècle, l’église romane de Notre-Dame-et-Saint-Junien de Lusignan connût une phase de renouvellement, peut-être imposée aussi par la nécessité de réparer aux endommagements provoqués par les combats qui eurent lieu pendant la guerre de Cent Ans. Outre la réfection de la couverture des cinq premières travées de la nef, dans les mêmes années (Eygun 1952, p. 394-395) un porche fut érigé sur le côté sud de l’église pour conférer un aspect plus monumental à l’accès latéral à l’église, qui avait probablement acquis un rôle plus important par rapport à l’accès occidental à la suite de transformations urbanistiques.
Le portail extérieur du porche, réalisé dans les formes propres du gothique flamboyant, est encadré par deux hauts pinacles et par une accolade semée de choux frisés et culminante dans un croix fleuronnée. Des nervures à section prismatique marquent le portail dans sa profondeur. L’accès est formé par deux portes rectangulaires séparées par un trumeau central, était surmonté par trois statues placées sur des culs-de-lampe sculptés, insérés tout au long de l’encadrement supérieur de l’entrée monumentale : l’un dans la prolongation du trumeau, les deux autres au milieu des ouvertures latérales. Il est plausible que les consoles offraient le support aux images de la Vierge – que l’on peut imaginer au centre et mise à l’honneur par le dais qui apparaît tout en haut –, de saint Junien et d’un autre saint vénéré dans le prieuré (Ledain 1894).
Des figures sont sculptées en guise de soutien des trois consoles. Celle au centre, la plus abimée, déroule un phylactère dans lequel aucune lettre n’est plus visible, tandis qu’à ses côtés se trouvent deux anges qui, les ailes déployées, tiennent dans les mains deux écus armoriés.
Console avec un ange tenant un écus armorié. Lusignan, Notre-Dame-et-saint-Junien, portail latéral sud.
L’armoirie de gauche (dextre), à la croix engrêlée, pourrait appartenir aux Lézignac (Lesignac), dont Guy et Louis furent abbés de Notre-Dame de Celles-sur-Belle (1404-56 et 1460-80), mais qui ne semblent pourtant pas avoir entretenu de liens avec la communauté religieuse de Lusignan. Dans celle de droite nous identifions une fasce accompagnée d’une étoile en chef et d’un croissant en pointe, le tout disposé sur un bâton : peut-être un pal brochant (Eygun 1952, p. 394-395) ou, encore, une crosse abbatiale placée directement sur le champ de l’écu (Cousseau 1845, p. 102 parlait d’une ancre, mais son interprétation n’est pas du tout convaincante). Cette dernière armoirie apparaît – mais dépourvues du bâton central – parmi les enseignes reproduites sur les dossiers des stalles de l’église dominicaine de Poitiers (XVème siècle ?).