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ARmorial Monumental du Moyen-Âge

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Château-Larcher, château

Documenté comme castrum depuis la fin du IXe siècle (Bouregeois 2011), le château de Château-Larcher daterait en bonne partie du milieu du XIIe siècle. Bâti sur un éperon rocheux, il est enrobé d’une haute enceinte, fortifiée au XIIIe et au XVe siècle (Baudry 2001, p. 54, 151, 226). Endommagé pendant la guerre de Cent Ans, il fut repris au XVe siècle et puis restauré au XVIe siècle par les Rochechouart, seigneurs du lieu de 1504 à 1638. Des sources textuelles XVIIIe documentent toutefois qu’au XVIII siècle la forteresse versait déjà dans des conditions pitoyables, qui s’aggravèrent quand il fut vendu et partagé entre plusieurs acquéreurs pendant la Révolution (Bénoni-Drochon 1875, p. 196-197). De l’imposante structure ne restent que des ruines, notamment du donjon et des douves internes. Seulement le côté occidentale conserve son aspect médiéval. Sur ce flanc de la courtine s’ouvre le portail d’entrée, cantonné de deux tours de garde, percées de quelques meurtrières.

Armoirie Pierre d’Anché-Ysabeau Rivière/Pardillan. Château-Larcher, château, porte de la tour Mégon.

Un seul écu armorié est encore visible, sculpté sur le linteau de la porte ouverte sur le côté occidentale de la tour nord, dite Mégon du toponyme ancien du lieu (Baudry 2011, p. 60) (armoirie 1). Le relief est partiellement caché par une poutre en bois attenante à une toiture installée, à l’époque moderne, pour protéger le balcon qui permet de rejoindre la tour. Seulement la partie inférieure de l’écu est donc visible (je remercie Quentin Leclère pour m’avoir fourni une bonne documentation photographique du relief). Un relevé publié par Bénoni-Drochon en 1875 et une copie en pierre de l’armoirie, réalisée à une époque incertaine, accrochée sur la façade d’une maison du bourg et précédemment encastrée dans l’église (Bénoni-Drochon 1875, p. 264, note 1), permettent toutefois d’en avoir une idée plus complète. Bien que la partition centrale ne soit pas respectée – les figures des deux partitions débordant sur la ligne qui partage l’écu en deux moitiés – il semblerait s’agir d’une armoirie partie : au premier, au lion armé, lampassé et peut-être couronné, si on prête confiance au relevé de Bénoni-Drochon) ; au second, à deux épées posées en pal, la pointe en bas, accompagnées d’un lambel de deux pendants en chef.

Armoirie Pierre d’Anché-Yabeau Rivière/Pardillan (copie moderne ?). Château-Larcher, maison du bourg (pièce de réemploi).

Dans les planches de son article sur les seigneur de Château-Larcher, A. Bénoni-Drochon (1875, pl. 5) attribuait l’armoirie à Guillaume (Guy) de Chenac, dernier de ce nom à avoir été seigneur de Château-Larcher, mort jeune et sans descendance dans la première moitié du XVe siècle (Beauchet-Filleau 1895, p. 375). Cette hypothèse peut être rapidement rejetée en considération du fait que la famille Chenac (ou Chanac) portait un burelé d’argent et d’azur au lion de gueules brochant sur le tout (ibid. ; Jalouneix 2012, p. 156). D’ailleurs, le même Bénoni-Drochon affirmait à un autre endroit de son étude que l’écu visible sur la tour reproduisait les armes des Pardilhan, possessionnés du château dans les années 1480-90, étaient accolées à celles des Rivières, qui avaient hérité la seigneurie grâce au mariage de Odet de Rivière avec Blanche de Chanac (Bénoni-Drochon 1875, p. 264 et note 1). L’érudit poitevin attribuait toutefois aux Pardilhan une armoirie erronée « au lion grimpant, couronné, onglé et lampassé de gueules, tenant une épée, au chef chargé de deux lambels de … » (ibid.), qui ne correspond pas à celle documentée par les sceaux de ce lignage originaire de Gascogne (Sceau gascons 1888, p. 436-441).

À qui revient-elle donc l’armorie sculptée sur la porte de la tour ? À senestre nous pouvons reconnaître l’armoirie des Rivière, qui portaient « de … à trois épées posées en pal, la pointe en bas » (Sceau gascons 1888, p. 476-484). Plus complexe demeure en revanche l’identification de la moitié dextre de l’écu. À la mort d’Odet de Rivière et de sa femme, la forteresse passa dans les mains de Poncet de Rivière (1466), controversé conseiller et chambellan du roi, accusé de trahison et puis pardonné par Louis XI (Guérin, Célier 1906, p. 103, note 4). À sa mort, après 1487, ses biens furent partagés entre Bernard de Rivière, son frère, et sa sœur Marie, qui avait épousé Jean I de Pardaillan. Assiégé par les dettes, Jean II Pardaillan, fils et héritier du couple, fit toutefois d’abord donation en 1491 de la châtellenie de Château-Larcher à Bertrand de Rivière (Sceaux gascons 1888, p. 484), ensuite, en 1497, chercha à le vendre à Pierre d’Aubusson (Bénoni-Drochon 1875, p. 265). L’intervention d’Ysabeau de Pardaillan, fille de Jean II, invoquant le bénéfice du retrait lignager, porta à la suspension de l’affaire et à la permanence du château dans les mains de son père. Il est donc intéressant de savoir qu’Ysabeau était mariée avec Pierre d’Anché, seigneur de la Brosse, qui portait d’argent au lion de sable, couronné, armé et lampassé de gueules (Beauchet-Filleau 1891, p. 66). Il est donc plausible qu’Ysabeau (ou son mari) avait adopté les armes de sa grand-mère paternelle, Marie de Rivière, même dans le but de renforcer ses prétentions sur la seigneurie de Château-Larcher. La récupération des armes des ancêtres afin de augmenter le prestige familial ou prétendre à certains droits apparaît d’ailleurs tout à fait commune à l’époque (Chassel 2012). Le relief représenterait donc les armes d’alliance de Pierre d’Anché et d’Ysabeau de Pardillan et daterait des années 1490.

Château-Larcher, édifice avec baies armoriées attenant à la basse cour du château.

Les apparats héraldiques qui devaient orner les autres structures du château sont aujourd’hui réduits à quelque fragment. Un écu vierge (armoirie 2) est sculpté sur le linteau d’une porte dans un corps de bâtiment renfermant le côté ouest de la basse cour du château : il s’agissait probablement de l’ancien logis. À son côté une grande fenêtre, jadis ornée de meneaux en croix, est-elle aussi ornée d’un écu de la même facture (armoirie 3), désormais dépourvu de toute trace de figurations. Il est plausible que l’édifice avec son décor héraldique a été bâti après 1478, quand Louis XI permit par lettre à Poncet de Rivière de rétablir les fortifications de Château-Larcher qu’il avait fait démolir quelques années auparavant pour punir son chambellan coupable de trahison (Guérin, Célier 1906, p. 103, note 4). Les deux écus auraient donc pu être bûchés déjà à la fin du XVe siècle pour être peints aux armes des nouveaux seigneurs de Château-Larcher.

Auteur : Matteo Ferrari

Pour citer cet article

Matteo Ferrari, Château-Larcher, château, http://base-armma.edel.univ-poitiers.fr/monument/chateau-chateau-larcher/, consulté le 19/03/2024.

 

Bibliographie sources

P. Guérin, L. Célier (éd.), Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France, t. 10, 1456-1464, Poitiers 1906 (Archives historiques du Poitou, 35).

Bibliographie études

A. Bénoni-Drochon, « Château-Larcher et ses seigneurs. Recherches historiques », dans Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 39, 1875, p. 65-563.

Sceaux gascons du Moyen Âge, t. 1, Paris-Auch 1888 (Archives historiques de la Gascogne, 15).

H. Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, t. 1, Poitiers 1891.

H. Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, t. 2, Poitiers 1895.

M.-P. Baudry, Les Fortifications des Plantagenets en Poitou 1154-1242, Paris 2001, p. 287-288.

M.-P. Baudry, Châteaux «romans» en Poitou-Charentes Xe-XIe siècle, La Crèche 2011.

L. Bourgeois,  « La genèse du castrum de Mégon/Château-Larcher (Vienne) : résidence fortifiée et lignage dans le Poitou des IXe-XIe siècles», dans Revue historique du Centre-Ouest, 10, 2011, p. 195-229.

J.-L. Chassel, « Le nom et les armes: la matrilinéarité dans la parenté aristocratique du second Moyen Âge », dans Droit et culture, 64, 2, 2012, p. 117-148.

J. Jalouneix, L’héraldique du Limousin du XIIe au XXIe siècle, thèse de doctorat, dir. M. Pastoureau, EPHE 2012.

Photographies du monument

Armoiries répertoriées dans ce monument

Château, Château-Larcher. Armoirie Pierre d’Anché-Yasabeau Pardillan/Rivière (armoirie 1)

Parti, mi-parti à senestre : au premier d'(argent ?) au lion de (sable ?), couronné, armé et lampassé de (gueule ?) contourné par courtoisie (Anché) ; au second de … à trois épées de … posées en pal, la pointe en bas, accompagnées d’un lambel de … (Rivière).

  • Attribution : Anché Pierre de-Pardillan/Rivière Ysabeau ;
  • Position : Extérieur ;
  • Pièce / Partie de l'édifice : Tour de l'enceinte ;
  • Emplacement précis : Porte ;
  • Support armorié : Linteau ;
  • Structure actuelle de conservation : In situ ;
  • Technique : Relief en pierre ;
  • Période : 1475-1500 ;
  • Dans le monument : Château-Larcher, château

Château, Château-Larcher. Armoirie vierge (armoirie 2)

Armoirie vierge (armoirie bûchée ?).

  • Attribution : Armoirie bûchée ; Armoirie vierge ;
  • Position : Extérieur ;
  • Étage : Rez-de-chaussée ;
  • Pièce / Partie de l'édifice : Corps de bâtiment ouest ; Façade ;
  • Emplacement précis : Porte d'entrée ;
  • Support armorié : Accolade ; Linteau ;
  • Structure actuelle de conservation : In situ ;
  • Technique : Relief en pierre ;
  • Période : 1475-1500 ;
  • Dans le monument : Château-Larcher, château

Château, Château-Larcher. Armoirie bûchée (armoirie 3)

Armoirie vierge (armoirie bûchée ?).

  • Attribution : Armoirie bûchée ; Armoirie vierge ;
  • Position : Extérieur ;
  • Étage : Rez-de-chaussée ;
  • Pièce / Partie de l'édifice : Corps de bâtiment ouest ; Façade ;
  • Emplacement précis : Fenêtre ;
  • Support armorié : Linteau ;
  • Structure actuelle de conservation : In situ ;
  • Technique : Relief en pierre ;
  • Période : 1475-1500 ;
  • Dans le monument : Château-Larcher, château

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